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Late Bloomer so what

#Episode10 Childfree, une vie sans enfant.

By octobre 28, 20232 Comments

Et tout va bien, merci.

Childfree, j’ai découvert ce nouveau terme anglophone en lisant un numéro du magazine Society. Alors ce n’est pas une maladie ou une déficience, c’est simplement un choix de vie, celui de ne pas avoir d’enfants.

A vrai dire, j’ai hésité à écrire sur ce sujet, car j’avais peur de froisser la sensibilité de gens autour de moi. Et puis en y réfléchissant, je me suis dit que ce n’était pas normal de devoir marcher sur des oeufs en abordant cette thématique. Et ce que je trouve bien souvent regrettable, c’est que ce sont les femmes qui s’insurgent le plus. Oui, en 2023, rien n’est gagné.

Je travaille avec les jeunes depuis 15 ans, et je sais l’effort et l’énergie que cela représentent. Maintenant, je vais être claire, à aucun moment je n’ai eu envie d’avoir des enfants. Certaines (car en majorité ce sont les femmes malheureusement) vont dire que ce n’est pas pareil, car au centre de loisirs et à l’école, ce ne sont pas les miens dont je m’occupe etc., et il n’en faut pas plus pour m’énerver, car je ne comprends pas pourquoi on essaye absolument de me prouver par A + B que j’ai tord. Je pense encore savoir ce que je veux. Et si on joue à ça, moi aussi je pourrais retourner le problème (qui ne devrait pas en être un), en évoquant par exemple la crise climatique, le harcèlement scolaire via les réseaux sociaux, la violence du monde d’aujourd’hui, violence face à laquelle personne n’est épargnée. Évidemment, ce n’était pas mieux avant, mais grandir à l’époque actuelle n’est vraiment pas simple. Et beaucoup de parents seraient surpris de savoir ce que leurs enfants nous confient.

Et remettons les pendules à l’heure, ils n’ont pas demandé à être là. C’est d’ailleurs ce que j’ai déjà dit quelque fois à mes parents autour de discussions animées. Mais ce que je trouve terrible, c’est ceux qui empêchent leurs enfants de vivre leur propre vie. Bien souvent, ils sont soumis à la pression familiale quant aux études choisies, au lieu ou ils veulent vivre, les activités auxquelles ils veulent s’inscrire, sans parler des parents qui essaient de réaliser des rêves non assouvis à travers leur progéniture. Triste aussi celles et ceux qui y voient une manière de sauver leur couple, car non, un enfant n’est pas un pansement et c’est malheureusement lui qui en paiera les frais.1

Heureusement pour moi, mes parents m’ont toujours montré que je ne leur appartenais pas. Ils ne sont pas parfaits, mais ils m’ont laissé être moi (avec un cadre strict).

Et être moi, c’est déjà un job à plein temps. Déjà parce que pour soigner mes traumas, gérer mes émotions, et me libérer de schémas répétitifs (l’héritage familial tout un sujet), j’ai dû faire un travail conséquent et onéreux. D’ailleurs, c’est aussi ce qui me permet de travailler avec les enfants, car tout va bien dans ma tête. Je ne suis pas dans l’affect avec eux, et je ne l’ai jamais été. Évidemment, au travail et en général, ils sont ma priorité, mais non pas parce que j’ai un soi-disant instinct maternel (par pitié !) mais parce qu’ils sont plus vulnérables. J’agis de la même façon face à des personnes en situation d’handicap ou même avec ma mère qui ne sait pas bien lire et écrire en français. C’est ce que l’on appelle l’empathie. Un mot à la mode en ce moment.

Et puis surtout, je chéris ma liberté. Si j’ai envie de déménager à l’autre bout de la terre demain, je peux le faire. Si je décide de partir sur un coup de tête en train de nuit à Vienne, je n’ai pas besoin de m’organiser 10 ans à l’avance. Tout comme mon emploi du temps ne sera jamais chamboulé parce que mon gamin ou ma gamine est malade. Et si je gagne moins, ça ne concerne que moi, car je suis la seule bouche à nourrir. Ils ne seront pas non plus une excuse pour ma peur de sortir parfois de ma zone de confort. Ce que je veux dire, c’est que je ne veux pas être responsable d’une autre personne 24h/24 et je vais être toute à fait honnête avec vous, comme celles et ceux qui ont témoigné dans le magazine, je ne vois aucun avantage à faire des enfants à part monter mon level d’anxiété qui est déjà pas mal haut.

Et enfin…

Je n’ai pas peur d’être seule, et de vieillir seule. Et qu’on ne me parle pas de financement de la retraite car je trouve ça choquant que ce soit une des premières choses qui vienne à l’esprit quand on parle de la baisse de la natalité. Un enfant n’est pas censé être un filet de sécurité ou la promesse d’une retraite agréable, ou encore un garde malade pour vos vieux jours.

Bref…

Je suis bien avec moi-même. J’apprécie la quiétude de mes soirées et de mes week ends. Et je suis chanceuse d’avoir des amies elles aussi childfree. Et je dois vous avouer que ça me soulage de le formuler aussi clairement.

****

Alors, c’est vrai que je ne suis pas du tout à l’aise avec les baby shower (j’en ai faite qu’une, très peu pour moi thank you) et que je ne sais jamais quoi faire quand je reçois des faire-part de naissance, mais sachez que quand j’ai eu des jeunes désespérés face à moi, avec de surcroît des parents “démissionnaires”, j’étais là pour les écouter et leur démontrer que même si la vie pouvait être une sacrée tannée, elle en valait la peine.

Sinon…

Mon désir ? Qu’un jour on félicite une femme qui réalise un aboutissement professionnel, artistique ou autre chose positive, de la même façon que l’on félicite une femme qui annonce qu’elle est enceinte (ou qui se marie). Là, on aura fait un grand pas en avant.

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