En fait, je triche un peu. Ça fera trois ans le jeudi 27 juillet.
J’avais deux grosses valises (merci les sacs de compression), un back pack et mon chat Roméo sous le bras. Huit ans de vie canadienne, c’est pas rien. C’est un gros bout de vie. Mais dans mon cas, ça ne se chiffrait pas en bagages.
J’aime bien quand ma copine Kenza dit que le Canada c’est sa happy place. C’est important d’en avoir une, peu importe où et pour combien de temps. La mienne en ce moment elle est à Reims, ma ville natale. Et crois-moi, j’en suis la première surprise. Je crois que c’était le point de départ de quelque chose de nouveau mais j’ai mis du temps à le comprendre. Trois ans pour être précise.
♡ Année number one
L’année du retour a été brouillon, je savais que j’avais bien fait de rentrer mais je n’arrivais pas à trouver ma place. J’étais en France physiquement mais ma tête, mon coeur étaient toujours là-bas. J’étais scindée en deux : Une partie ici et une partie au Canada. En fait, je souffrais de « la maladie de l’impatrié » et le choc du retour, j’ai dû apprendre à l’accepter pour pourvoir avancer.
Et j’ai avancé, mais pas toute seule, j’étais entourée de ma famille, de quelques amis de longue date et j’en profite pour l’écrire ici car j’ai l’impression de ne pas leur avoir vraiment dit, de ne pas les avoir remercier suffisamment, ils ont été ma béquille, mon ancrage positif, mon garde-fou.
Alors tranquillement, j’ai baissé les armes, j’ai arrêté cette guerre que je menais avec moi-même, je me suis dit que j’étais chez moi maintenant, que j’avais plein de choses à vivre, qu’elles seraient différentes mais pas moins bien et que parfois, il ne faut pas trop se poser de questions.
C’est ainsi que j’ai fait de la place pour la nouveauté. Et c’est à ce moment là, quand j’étais ouverte au changement, que j’ai rencontré les filles avec qui j’allais créer l’association bénévole Sacrées Blogueuses.
♡ Année number two
Pendant cette deuxième année, j’entrais définitivement dans la phase de transition ce qui veut dire que j’approchais aussi de sa fin. Et ça, c’est toujours positif. Je commençais à y voir plus clair, à reprendre confiance et j’ai compris qu’il fallait que je me challenge un peu pour éviter de m’encroûter juste parce que ça allait mieux.
D’abord, j’ai démissionné de mon poste de réceptionniste d’hôtel parce que même si j’avais un salaire fixe tous les mois, le travail ne me correspondait pas. J’y allais à reculons et j’étais frustrée à cause des horaires qui mettait un gros frein à ma vie sociale. Et la vie est trop courte et parfois même fragile (j’ai une amie très proche qui a survécu à un cancer alors crois-moi, après ça, tu ne vois plus les choses de la même façon) pour qu’on la gaspille à suivre des codes imposés par la société. Le monde est plein de possibilités et je m’efforce jour après jour de vivre en gardant ça dans un coin de ma tête. Et surtout du coeur.
C’est à partir de cet instant que j’ai eu le sentiment d’être rentrée. Pour de bon. J’ai trouvé un poste d’animatrice dans un centre de loisirs, j’ai commencé à m’investir de plus en plus pour les SB. Mon rôle de Community Manager m’a permis d’exprimer mon coté créatif, de m’investir pour Reims et d’avoir enfin le sentiment d’en faire parti. Je ne la regardais plus du coin de l’oeil, avec cette distance que j’avais mise intentionnellement. Au contraire. J’ai ré-appris à vivre en France et au fur et à mesure, j’ai changé ma façon de voir les choses. J’étais effectivement différente, un peu beaucoup canadienne mais Reims allait devoir faire avec.
Celle que j’étais là-bas, je ne veux pas la voir disparaître, j’y puise ma force et je lui dois énormément. Je lui dois celle que je suis aujourd’hui : plus confiante, épanouie, et pleine d’envies.
♡ Année number three
Là ça y est, je tiens le bon bout. J’ai la colocation parfaite. Avec un appart parfait. Dans un quartier parfait. Bien souvent on a peur de dire quand les choses vont bien, comme si il ne fallait pas le dire trop vite et trop fort juste au cas ou.
Mais moi je m’en fous. Cette troisième année, je l’aime parce qu’elle est pleine de bonnes surprises, de rencontres formidables, de nouvelles amitiés, de nouveaux défis, de projets, c’est en quelque sorte l’année de la consolidation. D’ailleurs, j’ai fait refaire ma carte d’identité française. Ça ne représente peut-être pas grand chose à tes yeux mais pour moi c’est tout un symbole. Il faut dire que je ne fais jamais rien par hasard. Mon côté un peu trop cérébral sûrement.
Tout ça pour dire que mes deux premières années back in France n’ont pas toujours été faciles mais j’ai compris qu’elles faisaient parti de mon cheminement. Il peut être rapide ou pas. Je crois que ça dépend de toi. Moi en tout cas, j’ai de moins en moins envie de parler de retour. Ce qui est bon signe. Et ça veut dire aussi que c’est le dernier bilan que je fais. Et même si je n’affirmerais jamais que je suis rémoise car je suis bien plus que ça, je suis contente d’avoir tenu bon. Je suis contente d’avoir laissé une chance à la ville qui m’a vu naître.
Alors voilà, le 27 juillet 2014, j’ai quitté un pays, un appartement et un travail (avec un salaire très très convenable) (l’argent n’est pas un moteur dans ma vie) que j’aimais énormément. J’ai bousculé mes habitudes pour une énième fois.
Je ne sais pas si Reims et moi c’est pour toute la vie (comment ils font les gens pour en être sûr ? Ont-ils un super pouvoir ?) et même si ça peut sembler étrange cette incertitude, j’ai décidé de ne pas m’en préoccuper et d’accepter de ne pas savoir.
Parce qu’après tout, qui vivra verra.
En savoir plus sur Late Bloomer
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Happy place <3
J'ai pensé à toi, y a un mec sur un groupe FB de Français au Canada qui a dit "je voudrais acheter du fromage sans que ça me coûte un Reims"
HAHAHA
Ca fait plaisir de lire cet article!
Je me souviens encore de tes retours en France, de tes difficultés et hésitations, du coup ça fait super plaisir de lire que tu te sens bien là où tu es et de ce que tu as construit pour le moment 🙂
Ta photo sur Hellocoton est super sympa aussi 😀