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Etre soiLifestyle

I’m a good girl.

By juin 11, 2019novembre 28th, 20208 Comments

Evidemment, je ne porte pas ce Tote bag pour prouver quoi que ce soit, mais il vient d’une boutique fair-fashion à Hambourg qui s’appelle Hey Soho et j’aime bien faire ma hipster, de temps en temps.

Bref. Good girl, donc.

Je ne crois pas me tromper en disant que je n’ai jamais cherché à l’être. J’étais sage et plutôt docile car mes parents ne blaguaient pas. Avec l’éducation, je veux dire. Ce n’étaient pas des tyrans.

Enfant, on cherche de façon consciente ou non, à plaire. Et déjà à cette époque, je n’entrais pas dans les cases. Avec mes cheveux courts et mes vêtements à la garçonne, je ne ressemblais pas du tout à la plupart de mes petites camarades aux cheveux longs et jolies robes. Mais j’avais un avantage, je pouvais rentrer sale de l’école sans me faire enguirlander par ma mère. Alors oui, il m’arrivait de jouer à la poupée mais jamais à la maman, et je trouvais ça bizarre que les autres le fassent alors que nous-même, on était des enfants. Peut-être qu’elles étaient pressées de vieillir et pas moi. Ou était-ce le résultat d’une société patriarcale dont j’aurais été épargnée sans le savoir ? Et d’ailleurs, c’était pareil pour les robes de princesse et de marié, je n’ai jamais compris cette fascination. Parce que moi, ce qui me faisait rêver, c’était d’être une Cat’s Eyes. J’y jouais même dans mon jardin. Je trouvais ça cool ces femmes fortes et indépendantes qui volaient pour récupérer ce qui appartenait à leur père. Et ouais, j’avais déjà un grand sens de la justice. Et du féminisme.

Et en grandissant, cette affirmation dans le non-conformisme s’est renforcée. Enfin, rien de fou, je ne suis pas non plus allée élever des chèvres dans le Larzac, mais j’ai choisi une voix qui me plaisait. A moi. Et rien qu’à moi. 

Etre indépendante, donne bien souvent l’impression que c’est une revendication. Alors que pas du tout. Je ne cherche pas non plus à en faire mon fond de commerce. J’en parle souvent car c’est une thématique fréquente. Et encore en 2019, on devrait se justifier d’une façon de vivre qui serait égoïste ou puérile. Dans ces moments-là, une seule envie me saisit: frapper du poing sur la table et hurler un tas de mots plus gros que moi.

Mais… je suis une good girl.

Par contre, j’ai un caractère bien trempé. Ce qui en général, intimide. D’ou mon célibat prolongé. Parce que je n’ai aucune envie de faire semblant d’être une fille que je ne suis pas. Je le dis parce que parfois j’ai l’impression qu’on me le reproche. Comme si de ne pas avoir “besoin” de quelqu’un, faisait de moi une personne qui s’en foutait complètement. Alors effectivement, je n’ai pas besoin d’un mec pour être épanouie. Et encore heureux. Et personne ne devrait laisser son bonheur dépendre de l’autre. Parce que c’est dangereux et que l’on peut s’y perdre. Par contre, trouver une personne pour partager, s’épauler et s’aimer sans contre-partie, là je signe tout de suite.

Bizarrement, j’ai toujours eu plus de succès avec les américains. Apparemment, ma personnalité ne les effrayait pas. I mean, you know.

Je me souviens quand j’habitais à San Francisco, j’avais un collègue un peu plus jeune que moi qui me draguait ouvertement. Un texan qui avait quitté son Texas natal pour la première fois. Il était mignon, très friendly mais un peu trop patriotique à mon goût. On est devenus amis sauf que comme ses sentiments n’étaient pas les mêmes que les miens, nous avons fini par instaurer une distance, discrète mais nécessaire. Encore aujourd’hui, je me remémore avec beaucoup de tendresse sa manière d’essayer de me persuader, que nous deux, c’était possible. Perso, je ne me voyais pas déménager à Houston. 

Il y a eu cette rencontre furtive, aussi. Je travaillais dans un hôtel et donc mes horaires changeaient régulièrement. Un soir, peu avant la fin de mon shift, un client arrive et avec cette assurance américaine me lance un : “Hey, what’s up” .  Dans ma tête, j’étais en mode: t’es-gentil-mec-mais-je-ne-suis-pas-ta-pote. Bon, au bout de quelques minutes après le check-in, je me suis détendue il a compris que j’étais française et on s’est mis à parler. De politique. Il savait que notre président était Chirac (à l’époque). Franchement, ça m’avait bluffée. Parce que bon, il avait un côté bad boy je-m’en-fous-de-tout qui le rendait hyper sexy mais pas forcément branché politique internationale. On est restés là longtemps, à la réception, à parler d’un tas de choses intéressantes. Mais l’heure tournait, il était tard, il devait repartir tôt le lendemain et moi je devais rentrer chez moi. Nos “Bye… it was nice meeting you…Take care” et les regards que l’on s’échangeait avaient un goût d’inachevé. Mais parfois, c’est mieux comme ça. En tout cas, je me souviendrais toujours de cet américain craquant qui connaissait le nom de notre président de la République (sachant que la plupart du temps, ils ont du mal à nous situer sur une carte) et avec qui je n’avais pas vu le temps passer.

Et cette petite sucess story m’a suivie à Montréal. Une mini histoire avec un californien qui avait envoyé en premier son copain pour me parler, parce que lui-même n’osait pas. Ou c’était peut-être pour voir si je gérais en anglais. Ha. En tout cas, il était cute, amusant, avait de bons goûts musicaux (bah oui, ça compte) et tenait à me payer absolument tout. Ce qui, pour une nana comme moi, était assez nouveau. Et quand je lui disais que ce n’était pas nécessaire, il insistait. Pour lui, ce n’était pas du machisme, il voulait juste me gâter. Bon, OK. Pourquoi pas !

 

Je crois vraiment que la France (et un tas d’autres pays) a du mal avec la femme qui s’affirme, la femme qui dit non, la femme qui ouvre sa gueule, la femme qui entreprend seule, Et une femme qui réussit, n’en parlons pas. Ça va sans dire qu’elle a soit couché, soit qu’elle est psychorigide. Je sais que les choses changent, doucement, mais j’ai quand même l’impression que ça prendra plus de temps que la reconstruction de Notre Dame.

 

Bref. Si on nous demande souvent d’être une good girl, on nous autorise rarement d’être une bad girl. Alors que l’un n’empêche pas l’autre. Tout n’est pas blanc ou noir. Et quand vous me croiserez avec ce Tote bag, dites-vous que dans ma tête, je fais un gros doigt d’honneur aux idées de ces cons qui s’imaginent que notre but dans la vie, c’est de rencontrer le prince charmant en gentilles filles que nous sommes.

Parce que ça en fait, c’est leur fantasme à eux. Alors, arrêtons de l’alimenter. NOW.

8 Comments

  • Flo dit :

    Oh, merci pour ce super article ! Que c’est difficile de rester nous memes alors que l’on est considere comme le vilain petit canard parce que l’on ne rentre pas dans les cases.
    J’ai hate de te croiser avec ce tote-bag ?

  • Cecile dit :

    merci pour ce bel article, en te lisant j’ai l’impression de lire mes propres sentiments… je suis restee tres longtemps seule parce que non, je ne voulais pas rentrer dans les cases et faire semblant d’etre une petite chose fragile, j’ai profité de mon independance, et aujourd’hui je suis heureuse et epanouie parce que j’ai suffisamment confiance en moi pour determiner quels concessions je veux bien faire par amour et parce que je sais que je ne suis pas en couple par peur d’etre seule,

  • Lydie S. dit :

    Cet article c’est de la bombe atomique ?? j’adore ?? Pourquoi S’ENFERMER dans des cases ? Là où on peut être tout et son contraire ! C’est ça aussi la liberté : être tout ce que l’on a envie d’être

  • Peace dit :

    You rock, as usual :-).

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